« Dialogues des Carmélites » est un opéra gentillet et émouvant composé sur du beau texte. Toutefois, je me permettrais d’apporter quelque nuance : l’opéra, ce n’est pas de la musique sur du texte. Or, c’est l’impression que me donne cet ouvrage de Poulenc, tout comme « La Voix humaine », composé sur le texte de Cocteau. Je réaffirme mon propos : il y a de grandes trouvailles en termes de dramaturgie musicale dans « Dialogues des Carmélites » mais la musique ne fait que se surajouter au texte alors qu’elle devrait porter le drame (Puccini, Strauss, Berg) ou bien combler, mettre en perspective les béances, les non-dits du texte (Pelléas et Mélisande). Un point intéressant : Poulenc est de la première génération de compositeurs s’étant forgé une culture lyrique par le disque, alors que R. Strauss et Britten possédaient le répertoire jusqu’au bout de la baguette, tout chefs d’orchestre qu’ils étaient. Quand j’écoute « Dialogues des Carmélites », j’ai envie d’entendre le texte sans la musique. Dans le cadre d’un opéra, je trouve cela franchement grave. Je ne ressens pas cette impression devant Wozzeck ou Rosenkavalier, ni devant Tri Sistri de Peter Eötvös, alors que le texte de Tchekhov est en lui-même grandiose.
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